Le coin du râleur

Cinéstore

22 mai 2003: commande de 17 DVD, dont 6 ne sont pas immédiatement disponibles. Frais de port pour ces six titres: 114 € (un peu cher à 19 € pièce, mais annoncé sur le site). La totalité de la facture, c'est-à-dire les titres disponibles et leurs frais de port (28 € pour 11 DVD), mais aussi les non disponibles et leurs 114 €, est encaissée sans délai.
Le même jour, je me rends compte que ce que je croyais être des dessins animés de Tex Avery n'est en fait qu'un attrape-nigaud qui exploite sans vergogne le nom d'un pur génie pour vendre de la mauvaise soupe (ça a failli marcher). Je demande la suppression de cet article (non, il n'y a pas moyen de le faire en ligne).

30 mai 2003: toujours sans réponse, je demande l'annulation de tous les titres non encore livrés.
Réponse positive le jour même, accompagnée d'une proposition de remboursement que j'accepte sur le champ.

31 mai 2003: petit courrier pour m'annoncer le remboursement.

3 juin 2003: en consultant le détail du dit courrier, je réalise que le coût des produits a bien été crédité, mais pas les frais de port s'y rapportant.
Courrier immédiat signalant l'erreur et demandant le remboursement des frais de port perçus anticipativement.
11 juin 2003: en l'absence de toute réponse, petit rappel. Le montant "remboursé" n'apparaît toujours pas sur mon compte.
18 juin 2003: même cirque. En me connectant sur le site, il apparaîtra que le remboursement en question est en fait un à-valoir sur une prochaine commande. Pas de trace bien entendu des frais de port, non plus que de la moindre réponse depuis lors.

 

Rougié (RBI, Rougié Bizac International, groupe Euralis)

Sans doute sommes-nous déjà tous tombés dans le même genre de panneau: les petits caractères qui ne sont pas immédiatement apparents, et un produit qui ne correspond pas tout à fait à ce qu'on en attendait.

N'empêche que dans ce cas-ci, l'étiquette donne à réfléchir. Précisons d'abord que le produit a été acheté à Hong Kong, ça aura son importance.
Premier point: le pays d'origine. J'ai cherché, j'ai pas trouvé. Bien sûr, Sarlat (en Périgord, faisons-nous mousser un peu) est mentionné, et la boîte postale du service consommateurs est dans le même patelin, mais nous apprenons en outre que c'est en France. Très bien. Reste à savoir si le service en question intervient à quelque titre que ce soit dans la fabrication du produit.
Vient ensuite le nom du produit, en français et en gros et gras caractères. Et en France, la dénomination "truffe noire" est légalement réservée à deux espèces nobles, Tuber melanosporum et T. brumale. D'où un certain dépit de ma part lorsque je découvrirai qu'il s'agit en fait de Tuber indicum, l'infâme truffe chinoise qui n'a en commun avec elles que sa couleur.
Le nom anglais n'est pas moins intéressant, se réclamant clairement du Périgord. Bizarroïde quant on sait que la culture de T. indicum est rigoureusement interdite en France (à juste titre, car il peut être difficile de la distinguer des deux autres espèces une fois incorporée à une préparation).

J'ai bien entendu envoyé un petit courrier à la firme Rougié, en demandant si, par le plus grand des hasards, il ne s'agirait pas là d'une contrefaçon honteusement produite et sournoisement commercialisée à leur insu. Ce ne serait pas le premier cas en Chine… En l'absence de toute réaction, je ne peux que supposer que soit ils s'en moquent éperdument, soit il s'agit bien d'un de leurs produits. Ou les deux.

Et donc, comme je suis toujours curieux, je pose la question sur fr.rec.cuisine et reçois diverses réponses qui me laissent toujours aussi perplexe. En dernier recours, la DDCCRF (Direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de la Dordogne me fournira la réponse suivante:

Bonjour,
Dans votre message électronique du 2.04.2004, vous avez sollicité l'avis de la DDCCRF sur les mentions d'étiquetage apposées sur des conserves de brisures de truffes de chine "tuber indicum" exportées par la SA RBI à Sarlat. Sur un plan général, les produits exportés doivent répondre aux exigences du pays destinataire. Il s'agit d'obligations réglementaires ou contractuelles. Dans l'un et l'autre cas, il appartient à l'opérateur de s'y conformer. Dans de nombreux cas, celles-ci n'existent pas. S'agissant d'exportations au cas précis, s'il existe toujours une obligation de vérification de l'état sanitaire des produits, il n'existe pas d'obligation pour les services de contrôle, sauf demande spécifique des autorités du pays destinataire, de vérifier la conformité du produit aux autres exigences de ce pays et notamment l'étiquetage. Il convient cependant d'éviter l'utilisation de mentions manifestement susceptibles de tromper l'acheteur telles que truffes noires d'hiver (ce qui est le cas en l'espèce) et de demander l'emploi du terme "truffe" sans autre mention pour des truffes autres que mélanosporum et brumale à moins que l'opérateur ne démontre que la réglementation du pays destinatire considère cette pratique comme autorisée. La mention du pays d'origine doit également figurer sur l' étiquetage de ce produit. Enfin, je tiens à vous préciser qu'en matière de publicité mensongère ou trompeuse au sens des articles L. 121.1 et suivants du Code de la Consommation, l'annonceur pour le compte duquel la publicité est diffusée est responsable, à titre principal, de l'infraction commise. Si le contrevenant est une personne morale, la responsabilité incombe à ses dirigeants. La complicité est punissable dans les conditions de droit commun. Le délit est constitué dès lors que la publicité est faite, reçue ou perçue en France.
Restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

J'ai probablement l'esprit mal tourné, mais je traduis ça dans mon français à moi par: ben oui, ce serait illégal en France, mais tant que ça reste hors de chez nous et que les autorités locales ne protestent pas (c'est la Chine, faut pas rigoler), c'est tout bon.

En tout cas, je n'ai plus rien acheté ni de Rougié, ni de Bizac. Va falloir que je me renseigne sur la fusion avec GMD (Grimaud Montfort Distribution) l'année prochaine pour savoir si je dois élargir ma liste noire.

Ah oui, question subsidiaire: si un internaute français lit ceci, ça signifie-t-il que la publicité est perçue en France et le délit dès lors constitué?

 

Last update 2015-03-27